L’attractivité des Bourses africaines en question

Publié le par Madou2Enterprise

François Conradie, qui travaille chez Integra Bourse (filiale de Tunisie Valeurs) à Casablanca, a déjà fait ses classes à Cape Town et à Tunis. En tant que broker, il intervient pour le compte de plusieurs fonds d’investissements et fonds de pensions intéressés par l’Afrique. Entretien.

Propos recueillis par Adama Wade, Casablanca

 

Les Afriques : La publication des résultats des sociétés cotées, généralement bons, a-t-elle toujours une incidence sur les cours ?

François Conradie : Cela dépend de plusieurs facteurs, mais en général les effets d’annonce sont éphémères. Pour Maroc Télécom, le titre est monté sur la semaine qui a précédé la publication des résultats, pour atteindre un pic de 165 dirhams. Depuis, la valeur a régressé au niveau de 154 dirhams. Plus récemment, SAMIR a chuté sur trois séances en réaction à sa perte sur l’exercice 2008 avant de reprendre. Donc, on n’a pas vu de tendances soutenues naître de la publication de résultats.

 

LA : Comment expliquez-vous cette fébrilité du marché casablancais ?

FC : Il n’y a pas une pression acheteuse sur le marché. Il y a de la volatilité. Les gens profitent des rebonds pour réaliser de petits bénéfices. La nervosité pousse les intervenants à se désengager. Ils préfèrent rester liquides.

« Les gens profitent des rebonds pour réaliser de petits bénéfices. La nervosité pousse les intervenants à se désengager. Ils préfèrent rester liquides. »

 

LA : Il a été beaucoup question du retrait des fonds étrangers des bourses des pays émergents. Qu’en est-il en ce qui concerne le Maroc ?

FC : Il y a eu des sorties en masse en septembre et en octobre. Là, il y a encore des sorties, mais à moindre ampleur. Ceux qui ont des fonds à investir boudent le Maroc pour acheter l’Egypte et le Nigeria. L’Egypte présente des ratios intéressants en termes de PER, notamment dans le secteur des matériaux de construction.

 

LA : Quelle comparaison peut-on faire entre l’attractivité des banques nigérianes et marocaines ?

FC : Les banques nigérianes sont beaucoup moins chères que leurs consœurs marocaines. De même, elles présentent un potentiel de croissance élevé dans la sous-région. Elles sont sous-valorisées. En revanche, elles souffrent d’un déficit de gestion. Quand vous achetez une banque marocaine, vous savez ce que vous achetez. Une Nigériane peut toujours réserver des surprises…

 

LA : Quelles sont les particularités des banques sud-africaines ?

FC : Les banques sud-africaines ont beaucoup baissé en termes de capitalisation boursière. L’avantage des banques marocaines par rapport aux Sud-Africaines, c’est de n’avoir pas de produits toxiques.

 

LA : Quelle est la cote de la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan ?

FC : Les investisseurs l’appellent à juste titre la Bourse de Sonatel. C’est le seul titre qui est régulièrement suivi et qui a d’ailleurs fait gagner de l’argent à pas mal de fonds d’investissements.

 

LA : Justement, quels types d’intervenants retrouve-t-on derrière le terme générique d’investisseurs étrangers ?

FC : En ce qui concerne l’Afrique, il y a les grandes banques sud-africaines qui gèrent des fonds d’investissements, et les fonds MENA ou Afrique des institutions financières du monde entier. Il y a aussi les brokers étrangers qui gèrent derrière eux des clients institutionnels ou autres. Sans oublier une classe d’intervenants américains qui gèrent des caisses de retraite.

 

LA : Quels sont les valeurs marocaines qui intéressent ce type d’investisseurs en général ?

FC : Il y a tout d’abord IAM, une valeur cotée à la fois à Casablanca et à Paris et qui est très liquide. Ensuite l’ONA, qui était aussi coté à Paris dans le temps et qui présente beaucoup de profondeur. L’action Attijariwafa Bank monte aussi en puissance dans le portefeuille de ces investisseurs. Addoha et CGI étaient des incontournables aussi, mais j’ai l’impression que ces titres sont devenus moins recherchés.

 

LA : La crise financière internationale changera-t-elle la perception de l’Afrique ?

FC : Certainement. Beaucoup d’investisseurs comprendront que l’Afrique n’est pas risquée.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article